Il nous faut changer de modèle si on veut répondre aux aspirations des citoyens.

Published on by Dominique CREPEL

Le prix de l’énergie ne peut qu’augmenter dans l’avenir. 

Les distances Domicile Travail s’allongent du fait de plusieurs facteurs : 

  • Les emplois se concentrent dans les grandes agglomérations. S’y loger devient cher. 
  • Les habitants préfèrent se loger en maison individuelles et construisent loin des grandes agglomérations où le coût des logements est très cher. 

Quand le pétrole augmente, l’essence est plus chère. Si on augmente les taxes en même temps pour inciter à moins consommer cela provoque une double augmentation plus difficile à supporter dans des budgets contraints. Que faire ? 

Si on remonte cinquante ans en arrière, on n’utilisait pas sa voiture pour aller au travail. On habitait près de son travail et on y allait à pied, en vélo ou en transport en commun. Dans les années soixante, il y avait aussi des ramassages en bus (sidérurgie de Dunkerque et textile de Roubaix Tourcoing). 

Mais depuis beaucoup d’entreprises ont disparu et l’emploi de proximité en zone rurale s’est beaucoup raréfié. 

Le choix d’aller habiter loin de la ville pour faire des économies sur le prix des logements n’est plus aussi judicieux quand le coût de l’essence augmente. Mais tout a été fait pour inciter les jeunes ménages à faire ce choix, et bien que certains annonçaient un prix du litre de carburant à deux euros dans un proche avenir, ces personnes ne l’ont pas intégré comme un élément à prendre en compte dans leur choix. 

Des solutions existent, certaines à court terme pour aider les plus fragiles, mais les plus efficaces sont à long terme à une échelle de temps qui n’est pas celle de la durée de mandat des élus. Pourtant il faudrait dès aujourd’hui changer de modèle. 

  1. Préparer un aménagement économique du territoire plus équilibré. C’est-à-dire développer des emplois là les gens habitent. Cela semble une évidence mais on a fait tout le contraire depuis des décennies. 

Pour recréer des emplois dans les quartiers défavorisés, on a créé des aides spécifiques, il est certes trop tôt pour en évaluer les effets mais il faut inventer une politique de soutien au développement économique en milieu périurbain et rural. Et cesser d’attirer de grosses concentrations d’emploi dans les grandes agglomérations. 

Pour cela il faut faire ou affiner les études des flux migratoires journaliers des personnes se rendant à leur travail. Il est en effet anormal de voir les entrées des grandes métropoles comme Lille totalement bouchonnées le matin et les sorties le soir. Cela ne sera pas facile si on ne change pas de modèle. 

En fonction de ces études, on verra là où il faut soutenir l’implantation de nouvelles unités économiques et revoir les dessertes en transports collectifs. 

Il faut en effet sortir du tout automobile. Cela est aussi une évidence mais cela va être dur car cela suppose aussi de changer les mentalités fortement attachées à l’autonomie du mode de déplacement. 

  1. Développer les transports collectifs. Metro, bus urbains, trains. 

 Il faut certes développer de nouveaux modes de transports collectifs (type TER) mais aussi être plus incitatifs pour que les gens laissent leur voiture dans des aires de stationnement près des gares. 

Recréer des emplois de proximité et développer un réseau de transports collectifs sont deux exigences incontournables. 

Il y va de la qualité de vie des habitants (pollution de l’air dans l’agglomération lilloise) mais aussi des conditions de vie des travailleurs (durée des trajets domicile travail moins longs) 

 Mais comme ces mesures mettront du temps à produire leurs effets, il faut se préoccuper dès aujourd’hui des revenus faibles et modestes : 

  • En ristournant sous forme de crédit d’impôt une partie des taxes prélevées sur les carburants, montant correspondant aux trajets domicile travail quand il n’existe pas de transport en commun adapté  
  • En faisant prendre en charge par les entreprises le coût des abonnements aux transports collectifs pour inciter les salariés à utiliser les transports en commun quand ils existent plutôt que leur automobile. C’est déjà vrai dans les grandes agglomérations mais il faut l’étendre aux autres territoires.

 Ces propositions sont bien sur des pistes qui demandent à être retravaillées. 

Mais aller dans cette direction permet de prendre en compte les aspirations de ceux qui ont manifesté contre les hausses de carburant tout en ne remettant pas en cause les mesures qui ont été prises pour sauvegarder notre environnement et aller vers une réduction de la consommation des hydrocarbures. 

Pendant ce mouvement on a aussi entendu beaucoup de critiques du type : “ Je découvre que les taxes sur le carburant sont supérieures à la moitié du prix de l’essence “ ou “ces taxes ne vont pas à des mesures pour améliorer l’état des routes ou protéger l’environnement” etc.

Même si cela est en partie vrai, cela montre une méconnaissance des impôts et taxes, de leur utilité et de leur utilisation.

Cela nécessite donc une grande pédagogie de la part du gouvernement et des médias pour expliquer à quoi sert l’impôt et que sans impôts nous n’aurions pas de routes, pas de politique de prévention, pas d’éducation etc. Imagine-t-on des routes privées à péage ? Ce serait encore pire.

Mais cela suppose également une plus grande transparence sur les affectations budgétaires. Certes en terme de discipline budgétaire publique, peu d’impôts et de taxes sont affectées, tout va dans le budget global (mais il y a quand même des taxes affectées).

Si presque tout va dans le budget global, il faudrait montrer la part des impôts et taxes prises sur l’automobile (taxes sur les assurances comprises) et les carburants et, en contrepartie, la part budgétaire qui est affectée à la construction et l’entretien des routes, à l’amélioration des points noirs et à la prévention routière, aux transports publics et à la protection de l’environnement, aux dépenses de soins attribués aux accidentés de la route etc... Il n’est pas certain qu’il y ait de grands écarts.

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